No. 6, 29 août 2002
Projets
en ERE
Laurentides: Quand les araignées s'unissent,
elles peuvent ligoter un lion
" Quelle bonne idée ! Génial ! Enfin !
" En bref, voilà les réactions de plusieurs
personnes contactées lors de cet inventaire des ressources
en ERE. Ce projet répond visiblement à un besoin
de transmission des connaissances, de rassemblement des forces
et de visibilité accrue des activités, des programmes.
Tout au long du travail, j'ai découvert que le problème
le plus fréquemment rencontré par les intervenants
en ERE des Laurentides était le manque de financement.
C'est probablement votre propre constat. Les intervenants
consacrent beaucoup de temps à la rédaction
de demandes de subvention pour en arriver en bout de ligne
avec l'impossibilité de donner naissance à leur
projet en ERE faute des moyens financiers recherchés.
Ainsi, surchargés de tâches, les bénévoles
ont souvent été incapables de compléter
et retourner les fiches. Par contre, durant mes entretiens
avec eux, j'ai pu découvrir à quel point ils
étaient bouillonnant d'imagination, d'audace et de
ténacité.
Dans ce contexte, je conçois pleinement que l'efficacité
de nos actions, leur multiplication et leur propagation au
sein de la population, dépend en grande partie du temps
et des moyens que nous avons pour nous y consacrer pleinement.
"Quand les araignées s'unissent,
elles peuvent ligoter un lion"
(vieux proverbe éthiopien)
Malgré tout, j'ai réussi à accumuler
des renseignements sur 32 organismes, personnes ou sites attachés
au domaine de l'ERE. Le nombre de réponses aurait probablement
été supérieur si le projet avait eu lieu
à l'automne.
Je vous remercie tous de rester volontairement optimistes.
Un merci, tout particulier à Martin, Hugues et M. Litzler
pour leur initiative et leur soutien tout au long de ce projet
qui fut fort enrichissant.
Écologiquement vôtre
Lily Pelletier, chargée
de projet pour la région des Laurentides
![](images/separer.gif)
Lanaudière: Nous n'avons rien à
envier aux voisins
Faire l'inventaire des organismes faisant de
l'ERE dans la région de Lanaudière a été
pour moi une activité extrêmement enrichissante
qui se résume à cette expression : " Nous
n'avons rien à envier aux voisins ".
Malgré le vaste territoire de la région, nous
dénombrons peu d'organismes actifs sur le plan environnemental;
17 répertoriés. Par contre, de ceux-ci, une
dizaine ont des activités reliées à l'ERE.
Ces organismes traitent de sujets d'actualité comme
le compostage, le recyclage, l'étude et la préservation
de la faune et de la flore dans divers milieux, tout en passant
par l'importance de l'horticulture écologique (sans
engrais chimique). Une gamme impressionnante d'activités
s'adressant aux jeunes et aux adultes sont offertes relativement
à ces différents champs d'intervention. Elles
sont accompagnées d'outils d'apprentissage ou de références
solidement étoffés.
À un autre niveau, je trouve impressionnant les efforts
mis par cette poignée de bénévoles (pour
la plupart) pour préserver l'environnement et pour
mieux nous le faire connaître. En revanche, je me dois
de déplorer le fait que ces bonnes gens aient à
se battre contre certaines instances qui prennent pour inépuisables
les richesses naturelles et ce, au détriment de notre
environnement.
En terminant, j'aimerais vous inviter à découvrir
deux sites écologiques incontournables de la région
de Lanaudière : Le sentier d'interprétation
de la tourbière de Lanoraie (La Bande à Bonn'eau),
et le sentier d'interprétation de l'Ile de la Commune
à Berthier (Société de Conservation,
d'Interprètation et de Recherche de Berthier et ses
Iles).
Martin Bédard
![](images/separer.gif)
Estrie: Un bastion de l'ERE... grâce
à ses bénévoles
Lorsque le projet de l'AQPERE m'a été
proposé, je me suis dit : " Enfin! ". Pour
moi, quelqu'un venait de réaliser que plusieurs personnes
travaillent en ERE. Cet inventaire est donc une occasion de
mettre toutes les interventions en commun, de maximiser les
efforts de chacun.
Armée de mon ordinateur, de mon télécopieur
et de mon téléphone, me voilà partie
à la chasse aux organismes qui auraient à leurs
mandats celui de faire de l'ERE. Des quelques renseignements
que j'avais au départ, ma liste s'est rapidement allongée
et je croyais bien que l'Estrie serait un bastion de l'ERE.
Théoriquement, tout va bien. L'Estrie compte des organismes
en masse, tous a priori intéressés par la visibilité
que leur offre l'AQPERE. Seule ombre au tableau, le temps.
En effet, j'ai constaté que la majorité des
organisations contactées (plus d'une soixantaine) sont
maintenues en vie grâce au travail acharné de
quelques bénévoles. Je sais, pour avoir contacté
toutes ces personnes, qu'il existe un mouvement environnemental
important en Estrie. Je sais que notre région est dynamique
et que les gens ont à cur leur qualité
de vie. Pourtant, cette réalité ne sera pas
représentée dans la vitrine internet car j'ai
réalisé que le travail en environnement n'est
pas toujours reconnu, du moins, pas financièrement.
Ainsi dans bien des cas, les bénévoles, déjà
débordés, n'ont pu consacrer le temps nécessaire
pour compléter les fiches. Les tâches administratives
que j'appellerais " de survie " prenant le dessus
sur les tâches plus " accessoires ". Ainsi,
dans l'Estrie, il faudra encore du temps pour que les gens
actifs en ERE puissent se faire connaître. Sachez tout
de même qu'il y a des gens qui travaillent à
temps plein sur ce genre de projet et quand l'inventaire par
région se mettra en place, nous serons toujours là...
Julie Grenier, Corporation
de gestion CHARMES
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Événements
EECOM : Bilan nuancé d'une conférence tout
en nuances
Alors que le smog faisait partiellement écran au soleil
et que Montréal brûlait tout de même à
des températures records, quelque cent cinquante personnes
ont échangé pendant quatre jours, bien au frais,
sur les défis de l'éducation relative à
l'environnement centrée sur la communauté. Dans
les confortables salles climatisées de l'UQAM - contribuant
ainsi paradoxalement à l'émission de gaz qui
accentuent l'effet de serre et le réchauffement du
globe - les participants à la huitième conférence
annuelle du Réseau canadien d'éducation et de
communication relatives à l'environnement (EECOM) ont
pu explorer les diverses dimensions d'une éducation
relative à l'environnement qui cherche à prendre
appui sur la communauté ainsi que sur les lieux.
Provenant de milieux, de régions et d'horizons culturels
très variés, les personnes présentes
à la conférence EECOM 2002 (COMMUNAUT'ERE) pouvaient
communiquer leur propos en anglais ou en français afin
de faire le point sur les réalisations, les défis,
les enjeux et les possibles pièges de ce que les anglophones
nomment le " community and place-based environmental
education ". L'AQPERE s'étant presque exclusivement
centrée sur les liens dans des réseaux francophones
au cours des 10 dernières années, la conférence
offrait enfin une occasion d'élargir nos horizons en
s'approchant de nos voisins immédiats. Jusqu'ici en
effet, nombre de francophones du Québec avaient davantage
de liens avec des Français, des Belges et des francophones
de l'Afrique qu'ils n'en avaient avec leurs voisins immédiats
du Canada et des États-Unis.
L'un des défis des organisateurs était de favoriser
un décloisonnement entre les aspects théoriques
et pratiques, entre les recherches en éducation et
les pratiques éducatives variées. Néanmoins,
certains éducateurs ont en effet considéré
que la conférence était trop théorique
et pas assez " pratico-pratique " alors que certains
chercheurs ont déploré que trop de communications
illustraient parfois un manque de recul sur la pratique et
constituaient en quelque sorte de la promotion. Cette polarisation,
assez classique, illustre néanmoins qu'il devait y
avoir du contenu pour tous mais que la rencontre effective
entre perspective théorique et pratique demeure hélas
encore difficile.
Quoiqu'il en soit, la perspective critique était donc
au rendez-vous et la conférence EECOM 2002 fut ainsi
une occasion de se pencher de manière plus éclairée
sur cette ré-émergence des questions communautaires
et sur l'importance de l'esprit des lieux (genius loci) en
éducation relative à l'environnement. Pas de
négociations autour d'énoncés constituant
une nouvelle grande déclaration solennelle. Pas de
négociations en vue d'établir un programme commun
d'action. EECOM 2002 était avant tout un moment pour
se rencontrer et pour se former avant de retourner chacun
chez-soi, dans nos milieux de vie et nos milieux de pratique
respectifs afin de mieux y uvrer.
Tom Berryman
Les moments forts de COMMUNAUT'ERE
Les moments forts de Communaut'ERE ? 90 conférences,
ateliers et
célébrations... 140 participantes et participants...
les possibilités se
multiplient ! Communaut'ERE a été un lieu d'échange
entre une diversité de
personnes, de perspectives, d'expériences et d'inspirations.
Elle nous a
permis d'explorer des concepts tels une éducation centrée
sur les lieux; la
capacité négative, cette capacité d'être
et d'agir dans l'incertitude; le
capital social, ce réseau de confiance et de réciprocité
au sein d'une
communauté; la pédagogie de l'ailleurs : l'ailleurs
de la planète entière,
du futur et de l'univers virtuel; la culture de la complexité;
et les
non-lieux et non-cultures. Elle nous rappelle l'importance
d'allier
réflexion et action; de prévoir un temps d'apprivoisement
dans nos approches
communautaires; de mettre l'emphase sur le soin et l'entretien
et non
seulement sur la construction et la conquête; de jeter
un regard critique
sur la perspective globale en ERE tout en maintenant ce même
regard sur
l'approche communautaire; et d'encourager des liens solides
et fertiles
entre le milieu de la recherche et celui de la pratique.
Pierre Dansereau, quant à lui, met en valeur l'écologie
de terrain, l'importance de "se salir les pieds".
Avec son "penser localement, agir globalement",
Claude Villeneuve nous met au défi. Delphine Marot,
dans sa présentation sur les jardins collectifs, parle
de "voir pousser des légumes et voir pousser
des gens". Nous avons eu la chance de contempler
ces lieux avec lesquels "nous sommes tombés en
amour" sur l'invitation de Delia Clark. Au lieu du "Village
global", Michela Mayer nous propose "un réseau
global de villages". Lucie Sauvé enrichit
la discussion avec son apport sur le "dialogue des
savoirs", et sa réflexion sur "la
communauté : représentation, projet, leurre,
utopie, caution ou piège". Ian Robottom nous
fait explorer "les questions environnementales et
d'avenir viable comme étant construites socialement".
Par son énergie et son dynamisme, Tim Grant démontre
l'importance de l'affectif dans notre travail. Dans la foulée
de la remise des premiers prix canadiens d'excellence EECOM,
Geneviève Marquis nous encourage à célébrer
nos réalisations individuelles et collectives. Merci
donc à toutes et tous pour une conférence qui
inspire et enrichit notre pratique de tous les jours.
Catherine Dumouchel
Opinion
Le retour à la communauté : la clé
du succès pour le développement durable
Comment convaincre la population que tous et chacun de nous
devons faire notre part pour sauvegarder la vie sur Terre
? Comment
amener les individus à changer leurs comportements
personnels et à s'impliquer dans leur milieu ? En les
bombardant de chiffres ? En argumentant ? En montrant des
images à la télé ? Les réponses
sont loin d'être évidentes.
Au colloque COMMUNAUT'ERE tenu du 11 au 15 août à
Montréal, les acteurs en éducation relative
à l'environnement
(ERE) ont été témoin d'un changement
de discours (de paradigme diront certains) dans leur façon
de voir l'ERE.
Ainsi, quelques conférenciers de renom pensent que
la majorité des individus s'intéressent à
l'environnement seulement lorsqu'ils se sentent concernés.
Pour Delia Clark, enseignante du Vermont qui pratique l'éducation
environnementale dans son milieu depuis 25 ans, il faut amener
les gens à recréer des liens affectifs avec
leur milieu de vie. «Lorsque les problématiques
sont près de chez eux, les gens sont prêts à
agir, trouvent la motivation, sont ouverts à apprendre.
En s'impliquant, ils sont confrontés à des enjeux
sociaux, politiques, scientifiques, esthétiques et
historiques» croit-elle.
Doit-on proposer des actions ? Il semble que non. Les gens
préfèrent cibler eux-mêmes une problématique
locale avant de s'impliquer dans un projet. «Au Vermont,
les citoyens d'une communauté se rencontrent une fois
par année pour cibler leurs besoins. Ensuite, les jeunes
des écoles et les autres groupes entreprennent des
projets pour répondre à ces besoins»
cite en exemple Delia Clark. Le cheminement inconscient des
participants vers une compréhension plus globale des
enjeux les prépare à changer leurs comportements.
C'est là que se trouve la clé du changement
selon les conférenciers de COMMUNAUT'ERE.
Les jeunes sont particulièrement réticents
à se faire imposer des comportements, même ceux
qui concernent leur propre avenir et celui de la planète.
«La pire chose à faire c'est de dire aux jeunes
quoi faire et ne pas faire. Si on veut qu'ils changent leurs
comportements en faveur du respect de l'environnement, il
faut leur donner des choix» croit Claude Villeneuve,
auteur et professeur à l'Université du Québec
à Chicoutimi. Selon lui, on doit parler d'alternatives.
Des éléments clés permettent l'introduction
de notions d'alternatives, d'écologie, de complexité
et de multidisciplinarité. Pour Claude Villeneuve «La
clé, c'est la consommation». Il incite ainsi
les éducateurs à discuter des enjeux de la consommation
et des alternatives comme le commerce équitable. «L'ERE
pour le développement durable c'est apprendre à
faire des choix, à évaluer les conséquences,
faire des projets consensuels et concrets, partager les savoir-faire
et les acquis. Donner un sens à l'information et la
comparer» dit-il. Cet auteur du récent livre
«Vivre les changements climatiques» propose
de modifier le célèbre dicton «Penser
globalement, agir localement» par «Penser
localement pour agir globalement». En achetant un
bien fabriqué au Québec par exemple, on évite
beaucoup de transport de marchandise et incidemment beaucoup
de pollution atmosphérique ou marine. «Il
y a des manifestations locales des problèmes globaux.
On peut faire des actions locales et des suivis locaux pour
agir globalement puisqu'il y a des interconnexions partout.
Il faut avoir une vision à long terme» explique-t-il.
Enfin, il nous invite à examiner notre empreinte écologique
et à identifier les gains réalisables.
Pierre Dansereau, père de l'écologie au Québec,
croit aussi qu'il ne faille pas mettre la charrue devant les
boeufs. Pour lui, «l'individu doit d'abord acquérir
des connaissances, puis il doit savoir les interpréter
et développer son sens critique. Ce n'est qu'après
ce cheminement qu'il commencera à s'impliquer et à
prendre des décisions en faveur de la protection de
l'environnement».
Enfin, la chercheuse italienne du Réseau Environnement
et initiatives scolaires de l'OCDE, Michela Mayer, croit que
le changement doit s'opérer en profondeur. «Il
faut travailler à changer notre façon de penser
le monde. Penser à réparer plutôt qu'à
construire. Apprendre à vivre dans l'incertitude. Accepter
de ne pas tout savoir. Être ouvert aux schémas
provisoires. Sortir d'un contexte pour en construire un autre.
Imaginer le futur pour changer le présent. Ne pas suivre
le passé». Elle nous invite aussi à
développer une culture locale à l'image des
gens d'aujourd'hui et d'ici pour contrer les effets de la
Macdonalisation du monde qu'elle qualifie de non-culture.
Éco-initialtives, un exemple concret d'action dans
la communauté
Depuis 1997, l'organisme Éco-Initiatives du quartier
Notre-Dame-de-Grâce à Montréal a mis sur
pied dix-huit jardins collectifs dans des zones auparavant
abandonnées. Ces jardins accueillent des gens à
faible revenu qui ont du mal à se nourrir. Des animateurs
leur enseignent les rudiments du jardinage biologique et les
introduisent aux problématiques environnementales liées
à l'agriculture de masse mondialisée. Ensemble
ils travaillent, réfléchissent, se font des
amis et grandissent de l'intérieur. Les récoltes
vont aux participants et les surplus sont destinés
aux banques alimentaires. Environ 150 personnes par année
mettent la main à la pâte, améliorent
leur alimentation et renouent avec l'environnement tout en
retrouvant confiance en eux et en se sentant valorisées.
Voilà un exemple concret d'action communautaire locale
aux multiples retombées positives et durables.
Brigitte Blais
![](images/separer.gif)
Planét'ERE
(Transcription de la lettre de David Anderson envoyée
à l'AQPERE)
En provenance du Ministère de l'environnement du Canada.
Monsieur Litzler,
Je donne suite à votre lettre du 15 mai et à
celle du 26 juin, qui nous a été transmise par
le bureau du premier ministre, concernant le travail effectué
par vous et votre organisation en matière d'éducation
relative à l'environnement, tant au Canada que sur
la scène internationale.
Je suis heureux de constater que vous avez été
un participant de premier rang à la consultation organisée
par Environnement Canada depuis 1999, dans le but de solliciter
une contribution à l'élaboration du Cadre canadien
en matière d'éducation relative à l'environnement
et à l'avenir viable, que je présenterai au
Sommet mondial sur le développement durable (SMDD)
prochainement.
Je suis conscient du rôle prédominant joué
par les Canadiennes et Canadiens lors de la conférence
Planet'ERE II en novembre dernier à Paris. Les documents
intitués Appel de la Francophonie et Appel
des jeunes nous incitent à réfléchir
et sont d'excellents compléments au Cadre établi
par le Canada.
Au cours du SMDD, j'aurai plusieurs occasions de mentionner
le travail de la population canadienne en matière d'apprentissage
continu et de présenter les plans d'action adoptés
par notre pays pour se conformer aux objectifs du Cadre. Soyez
assuré que le travail effectué par le Canadiennes
et Canadiens de langue française lors de la conférence
Planét'ERE II ne sera pas oublié.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes
sentiments les meilleurs.
David Anderson , c.p.,
député
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