Le scoutisme, une activité extrascolaire en pleine nature riche d’enseignements

Voilà qu’une grande partie de nos activités sont à nouveau limitées dans de nombreuses régions du Québec, et du monde aussi à cause des mesures prises par nos gouvernements pour limiter la propagation de la COVID-19. Pourtant, tout vient à point à qui sait attendre, comme dit le proverbe. En attendant alors que cette période si particulière file, découvrez (ou redécouvrez) le scoutisme, à travers les propos d’Isabelle Dufresne-Lienert, agente de projet en environnement à l’Association des Scouts du Canada.

AQPERE : En quelques mots, pouvez-vous nous présenter ce qu’est le scoutisme ?

Isabelle Dufresne-Lienert (IDL) : Le scoutisme est un mouvement éducatif pour la jeunesse qui existe depuis plus d’un siècle à l’échelle de la planète. Le scoutisme propose une éducation non formelle à l’extérieur de l’école qui complémente ce qu’on y apprend. L’objectif de ce mouvement est de favoriser le développement des jeunes, afin qu’ils deviennent actifs dans la société et qu’ils construisent un monde meilleur. Le scoutisme se base sur un système de valeurs partagées avec l’ensemble des scouts du monde : dans l’Association des Scouts du Canada, selon notre nouvelle loi et promesse de 2020, ces valeurs clés sont le respect, la confiance, la justice et le dépassement. Lors de leur promesse — l’engagement que les scouts prennent au début de leur parcours scout —, le jeune s’engage à contribuer au bien-être des autres et au monde meilleur auquel il aspire. C’est à travers cet engagement que les scouts seront portés à agir et apprendre via une panoplie d’activités et de projets sur des thématiques variées (protection de l’environnement, l’autonomie dans sa vie d’adulte, les relations interpersonnelles saines, la justice sociale, le leadership empathique, le travail d’équipe, etc.) tout au long de leur parcours.

AQPERE : À quoi doivent s’attendre les jeunes lorsqu’ils s’engagent dans le scoutisme ?
IDL : En résumé, les jeunes vont « tripper » et s’amuser avec leurs amies et amis. Ils vont se retrouver lors de rencontres régulières (réunions, sorties, camps, voyages …) tout au long de l’année. Lors de ces rencontres, les adultes encadrants bénévoles, qu’on appelle animatrice ou animateur, soutiennent les jeunes dans la réalisation des activités et projets qu’ils voudront faire et choisiront. On fait de tout aux scouts! Il peut s’agir aussi bien d’une activité de réflexion sur le leadership, que d’une technique de plein air sur le canotage, que d’une activité artistique de théâtre, ou même un projet de service dans la communauté. Aux scouts, on croit en l’apprentissage par l’action, et non par la théorie. Les activités s’adaptent en fonction de l’âge : le plus les jeunes sont vieux, le plus ils entreprennent des projets d’envergure. Elles vont aussi dépendre des groupes et des équipes, en fonction des intérêts de l’équipe d’animation et des jeunes principalement. L’objectif de chaque activité ou projet est toujours le même : aider le jeune à progresser à travers les valeurs du scoutisme.

AQPERE : Est-ce que la nature joue un rôle important dans les enseignements transmis aux jeunes scouts ?

IDL : Depuis que le scoutisme a été créé, la nature joue un rôle clé dans le mouvement. La nature fait partie de la méthode scoute pour transmettre les valeurs du scoutisme, car c’est un terrain d’apprentissage exceptionnel pour développer l’autonomie et la débrouillardise. Les activités proposées se font pour la plupart à l’extérieur. Utiliser la nature comme environnement d’enseignement est vraiment un bon moyen pour connecter le jeune avec celle-ci ; ce sentiment de connexion les invite à mieux la respecter après. Une des principales raisons que les jeunes et les adultes se joignent au mouvement est d’ailleurs leur intérêt particulier pour la nature et le plein air… sans oublier leur désir de passer un bon moment avec leurs ami.e.s dans les groupes et la possibilité de découvrir des sujets de tous genres.

AQPERE : Les thèmes et autres sujets en lien avec l’environnement sont très d’actualités. Comment s’intègrent-ils aux sujets abordés via le scoutisme ?

IDL : De nombreuses activités proposées aux jeunes sont en lien avec l’environnement. Comme pour tout, la fréquence des activités liées à l’environnement va dépendre de l’intérêt des équipes d’animation et des jeunes. L’ensemble des jeunes reçoivent une éducation environnementale. Elle peut être implicite, comme lorsqu’on encourage à la conservation des espaces verts quand on est en camp de plein air. Mais souvent, elle est très explicite, notamment dans les programmes éducatifs proposés sur l’environnement et le développement durable. Il existe le programme intitulé Brevet environnement proposé aux groupes intéressés chez les scouts du Canada. Ce programme est séparé en deux parties :

  • une partie d’apprentissage où des jeux expérimentaux sont proposés sur les thématiques comme l’eau et l’air, les habitats naturels et les espèces indigènes…
  • une deuxième partie où chaque unité doit créer et réaliser un projet de service dans sa communauté sur une des thématiques explorées.

  • Donc, c’est autant un apprentissage sur les enjeux liés à l’environnement que sur la gestion de projet ! Et, il existe beaucoup d’autres programmes du genre sous le cadre monde meilleur pour tous les âges liés aux 17 objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations unies.

    On a aussi lancé le récemment le programme Les scouts s’impliquent chez les scouts du Canada, programme destiné aux unités de 15 à 25 ans. Ce programme vise à faire engager les jeunes dans des projets en lien avec le développement durable. Pendant l’année scoute 2019-2020, il a été proposé aux jeunes de monter un projet sur un problème en lien avec l’action climatique qui les touchait dans leur environnement proche. Plus de 100 jeunes sont engagés dans ce projet à travers le Québec et au Nouveau-Brunswick. Dans ce cadre, un groupe a choisi de travailler sur le recyclage du verre. Il s’est rendu compte que le recyclage du verre ne se faisait pas de manière domestique, c’est-à-dire que le verre déposé dans les bacs de recyclage de leur ville n’était pas recyclé. Le groupe a recherché l’impact écologique du verre s’il se retrouve dans un dépotoir. Les jeunes ont pris contact avec divers acteurs de la ville et personnes en position de prise de décision pour offrir aux citoyens des nouvelles manières et lieux pour recycler leur verre. Ils ont sensibilisé la population à l’action. Le groupe travaille toujours actuellement sur le projet.

    AQPERE : Et vous, quelle est votre implication dans le scoutisme ? Quelles sont les raisons de votre implication ?

    IDL :
    Je suis impliquée dans le scoutisme depuis l’âge de 7 ans. Et, je le suis toujours aujourd’hui, à 26 ans, aussi bien professionnellement que personnellement. Les trois-quarts de ma vie ont finalement été impliqués dans le scoutisme. Je me suis investie plus jeune dans le scoutisme en intégrant un groupe pour m’occuper en dehors de l’école. J’y suis restée impliquée au fil des années sur mon temps personnel pour plusieurs raisons : parce que le scoutisme m’apporte de l’aventure constante, parce qu’il me permet d’être en pleine nature, de me connecter avec elle, de pouvoir sortir de mon environnement de vie très urbain, parce qu’il me permet de porter des projets et d’être un leader, parce qu’il s’agit d’un milieu inclusif, même en ayant un handicap, ce qui est mon cas, parce qu’il me permet d’être avec mes amis… J’y suis toujours impliquée actuellement sur mon temps personnel en tant qu’animatrice bénévole pour une unité de jeunes de 15 à 17 ans.

    Cet engagement dans le scoutisme a joué un rôle important dans le développement d’une conscience en lien avec le développement durable chez moi. Cet intérêt m’a amenée à faire des études et à m’impliquer professionnellement dans ce domaine, en tant qu’agente de projet en environnement à l’Association des Scouts du Canada. J’y gère d’ailleurs le programme Les scouts s’impliquent (cf précédemment) et je mobilise ces jeunes à s’engager à moyen et long terme dans des projets en lien avec le développement durable.

    Si je m’implique comme employée et animatrice bénévole à l’ASC aujourd’hui, c’est parce que je crois en le pouvoir éducatif et mobilisateur du mouvement pour créer de meilleurs citoyens actifs pour demain.

    Les origines du scoutisme

    En 1907, Robert Baden-Powell, ancien militaire anglais, organise un camp expérimental de 7 jours pour 20 garçons sur l’île de Brownsea en Angleterre. Il y applique ses idées d’éducation, qui se basent sur le jeu, l’indépendance et la confiance. Un an plus tard, il écrit Scouting for boys, le livre à destination de garçons qui marque la naissance du scoutisme. Il a pour objectif de former de bons citoyens à travers l’enseignement en plein air. Une revue destinée aux filles, intitulée Girl Guiding Edition, voit le jour en 1918. De ces documents, les bases du scoutisme sont posées. Très rapidement, le mouvement se développe avec l’apparition des premiers groupes scouts. En 1920, le premier jamboree mondial réuni des milliers de scouts venus de 21 pays à Londres. Baden-Powell y fut nommé World Chief (chef scout mondial). Dans les années 1920, l’Organisation mondiale du Mouvement Scout (OMMS) fait son apparition dans le paysage scout, regroupant ainsi de nombreux groupes scouts à l’échelle de la planète. En 2020, le mouvement scout est un grand mouvement jeunesse d’éducation non formelle au monde avec plus de 50 millions de scouts, gars et filles, dans le monde entier.
    Pour en savoir plus :

    Organisation mondiale du Mouvement Scout

    Association des Scouts du Canada

    Programme Les scouts s’impliquent! (Association des Scouts du Canada)

    Cadre monde meilleur, incluant le programme environnement (Association des Scouts du Canada)

    Pour en savoir plus sur la vie de Robert Baden-Powell


    Un texte d'Aude Vallat
    Avoir grandi à proximité de paysages remarquables a amené Aude à suivre des formations en lien avec l’aménagement des territoires ainsi que la protection et la valorisation des paysages, des patrimoines et de l’environnement. Lors de ces formations, elle découvre le domaine de la sensibilisation du public à l’amélioration du cadre de vie. Aude a ainsi décidé de s’investir dans ce domaine, aussi bien professionnellement que personnellement, appréciant notamment la transmission d’informations dans des domaines à divers publics.